Les premières visites chez le dentiste
Emmener votre enfant chez le chirurgien-dentiste pour une première visite à l’âge de 2 ou 3 ans, puis au moins une fois par an, peut vous paraître superflu, et pourtant c’est essentiel.
Les bénéfices d'une logique de prévention
Mieux vaut aller régulièrement chez le dentiste pour s’entendre dire que tout va bien, plutôt que d’attendre que l’enfant ait mal pour le soigner.
Si une carie est repérée très tôt, le soin est rapide, pas douloureux et peu coûteux.
En revanche, une simple carie non soignée entraîne des soins plus délicats, plus longs et plus chers. Et puis, la dent est définitivement fragilisée, et plus tard, il sera peut être nécessaire de réaliser des prothèses.
Bon à savoir L'Assurance maladie a mis en place le programme M'T dents, grâce auquel elle offre aux enfants dès 3 ans et jusque 24 ans, une visite tous les 3 ans chez le dentiste et des soins dentaires si nécessaire. > En savoir plus
Familiariser votre enfant dans de bonnes conditions
Ces visites régulières, permettent à votre enfant de découvrir le cabinet du dentiste et à vous de recevoir des conseils de prévention qui vous seront utiles durant toute son enfance. Petit, votre enfant en prendra l’habitude, il se familiarisera avec le chirurgien-dentiste et ses instruments. Comme il aura peu de soins, cette consultation ne sera pas douloureuse, et cette obligation ne lui pèsera pas.
Ce que vous pouvez faire
Vous pouvez apporter le carnet de santé de votre enfant pour aider le dentiste à bien connaître son état de santé général.
Et puis, pourquoi ne pas en profiter pour prendre également un rendez-vous de contrôle pour vous !
Préparer votre enfant
Expliquez à votre enfant ce qui va se passer, le guide "Je vais chez le dentiste" vous aidera à l’informer et à le préparer. Vous pouvez le lire avec lui quelques jours avant. Encouragez-le à vous poser des questions, notez-les et proposez-lui de les poser ensemble au chirurgien-dentiste si vous ne savez pas y répondre.
Quelques idées pour préparer la visite
Quelques actions simples peuvent aider votre enfant à comprendre les consignes que lui donnera le dentiste, ou à anticiper certaines sensations :
• Jouez à s’entrainer à respirer par le nez tout en gardant la bouche ouverte
• Apprendre à cracher un liquide
• Goûter un aliment amer
• Regarder ses dents avec un miroir.
Vous pouvez aussi prévoir une paire de lunettes de soleil pour votre enfant, car le scialytique (la lampe utilisée par le dentiste pour bien voir l’intérieur de la bouche) fait une lumière forte qui peut éblouir et le gêner.
Évitez de comparer avec votre expérience…
Si votre propre expérience des soins a été difficile, essayez de ne pas la laisser perturber la relation de votre enfant avec son dentiste. Sachez que les techniques de soins et la prise en charge de la douleur ont beaucoup évolué en dentisterie.
Plutôt que de dire à votre enfant « tu risques d’avoir mal », prévenez-le que, pendant la consultation, les sensations sont très variées (bruits, odeurs, chaud, froid…), parfois désagréables et que cela peut paraître long de rester la bouche ouverte.
A partir de 6 ans, vous pouvez le préparer en l’aidant à faire la différence entre sentir et avoir mal. Par exemple, quand vous lui touchez la main : il sent. Quand vous le pincez : il a mal… Évitez de lui dire qu’il ne va rien sentir car en fait il va sentir beaucoup de choses, mais ce ne sera pas nécessairement de la douleur.
Déroulement de la visite
Le souvenir d’une première visite réussie chez le dentiste mettra votre enfant (et vous-même) en confiance. Ces premiers contacts se passeront généralement très bien avec un dentiste à l’écoute des enfants et des parents, surtout dans le cadre d'une visite de contrôle.
La visite de contrôle
Le dentiste prend le temps d’expliquer à l’enfant ce qu’il va faire, puis ce qu’il fait ; s'il doit le soigner, il le met en confiance, au fur et à mesure en utilisant des mots simples. Il lui propose des moyens de distraction, ou il vous conseille d’en apporter : le “doudou“ de votre enfant, son jouet ou son livre préféré, sa musique favorite.
Il se renseigne pour savoir s’il a certaines peurs ou de mauvais souvenirs. Le dentiste voit avec vous comment aider votre enfant sans gêner le soin : en vous installant à côté de l’enfant, en lui touchant la main ou la jambe, en lui parlant… Il donne des temps de pause à l’enfant quand il sent qu’il est fatigué ou qu’il a besoin de se détendre les mâchoires.
Certains enfants souhaitent qu’on leur explique tout en détails, d’autres sont moins curieux ou hésitent, ne sachant pas très bien ce qu’ils veulent savoir. De la même façon certains enfants voudront tout voir, d’autres préfèreront ne pas regarder les instruments, même si le dentiste les lui présente. Vous connaissez le caractère de votre enfant et vous saurez guider le dentiste en fonction de ses souhaits.
Lorsque le dentiste travaille avec un(e) assistant(e), son rôle est très important, il (elle) participe à rassurer l’enfant, à lui expliquer ce que tous les deux font ou vont faire, à anticiper ce qui risque d’être difficile, à le distraire, à lui dire combien de temps il doit encore patienter… Cet accompagnement verbal est très important pour mettre l’enfant en confiance.
Le contrat avec le dentiste
Avant de commencer un examen ou des soins, le dentiste et votre enfant peuvent décider ensemble d’un signe qui permettra à l’enfant de manifester s’il souhaite que le dentiste fasse une pause. Ce contrat est capital, il est le garant de la confiance que l’enfant accordera à son dentiste.
Parfois le dentiste sait qu’il ne pourra pas s’arrêter pendant le soin, ou en tout cas pas instantanément comme le souhaiterait l’enfant. Par exemple, il ne peut pas s’arrêter pendant l’injection du produit d’anesthésie, il doit laisser sécher un produit… L’important c’est que le dentiste prévienne à l’avance votre enfant, sinon la confiance serait rompue.
Les principaux soins
Selon les besoins de votre enfant, le chirurgien-dentiste pourra vous proposer certains soins particuliers.
- Soins de caries, les produits pour reboucher la dent sont nombreux. Il existe par exemple le composite : c’est une pâte blanche, que le chirurgien fait durcir avec une lumière bleue.
- Scellement des sillons : il s’agit de recouvrir les sillons qui sont sur le dessus des molaires permanentes d’une résine qui protège la dent de la carie. Ce soin peut se faire très tôt après la sortie des dents permanentes. Bien sûr, il faudra quand même se brosser les dents !
> En savoir plus sur les dents de 6 ans
- Dévitalisation : il s’agit d’enlever le nerf d’une dent quand elle est très abîmée, que ce soit une dent temporaire (= dent de lait) ou une dent permanente (= dent définitive). Mais ensuite la dent est plus fragile, elle risque plus facilement de se casser et dans ce cas d’obliger à faire une prothèse (une couronne), ce qui est long et onéreux…
- Couronne de dent de lait : Quand la dent est très abîmée, on peut mettre une couronne qui tombera avec la dent de lait.
- Protège-dents : Si votre enfant pratique certains sports où les risques de chute ou de coup sont importants, (boxe, rugby, football américain…), il est utile de lui faire porter un protège-dents.
- Extraction : il s’agit d’enlever (sous anesthésie) une dent temporaire ou une dent permanente si elle est trop abîmée. Éviter de dire « arracher » une dent, mais plutôt « extraire » ou « enlever ».
Quelques précisions
La digue : c’est un carré de latex mince et souple, perforé à l’endroit de la dent qui permet d'isoler une ou plusieurs dents du reste de la cavité buccale afin d’intervenir à l'abri de la salive. Elle n’est pas encore utilisée de façon courante, elle est pourtant utile pour l’enfant qui se sent protégé des instruments, des goûts….
Le scialytique : cette lampe, orientable permet au chirurgien-dentiste de bien voir dans la bouche, son originalité est qu’elle ne fait pas d’ombres, par contre, elle gêne et éblouit souvent les enfants. On peut proposer à l’enfant de porter des lunettes de soleil s’il est gêné.
Ce qui peut être difficile pour votre enfant
L’anesthésie locale
L’anesthésie locale est réalisée par une ou plusieurs piqûres dans la gencive. Si votre enfant craint les piqûres, il est préférable de ne pas employer le mot lors des explications, pour éviter de renforcer ses appréhensions.
Si l’enfant demande des précisions sur la façon de faire pénétrer le produit dans la gencive, on pourra bien sûr lui répondre, « par une injection ou une piqûre », car il ne s’agit surtout pas de lui mentir ou d’omettre une information.
Quand le chirurgien-dentiste fait l’anesthésie, il peut au préalable utiliser un gel anesthésiant pour limiter la douleur de la première injection. Parfois, il n’utilise pas de gel car il fait la première piqûre à l’endroit le moins douloureux de la gencive, ainsi lorsqu’il fait les autres piqûres, la première injection a déjà eu le temps d’agir et les suivantes sont pas ou peu douloureuses.
Garder la bouche ouverte
Pour le dentiste, une des solutions pour aider un enfant à garder la bouche ouverte est de procéder par petites étapes.
Par exemple il propose à l’enfant de le soigner pendant seulement 3 secondes et puis de s’arrêter.
Au bout de 3 secondes il s’arrête et demande à l’enfant jusqu’à combien il peut compter l’étape suivante.
Si l’enfant répond à nouveau 3, il continue selon le rythme proposé par l’enfant. Si l’enfant répond tout de suite 10 mais que le dentiste sent que l’enfant n’est pas encore prêt, il peut répondre « Je préfère compter jusqu’à 5, sinon, je vais être trop fatigué ! ». Par contre s’il sent que l’enfant est prêt, il suit son rythme…
Petit à petit, l’enfant maîtrise l’intervention du dentiste sur son corps, le dentiste peut augmenter le temps de soin progressivement, en tenant toujours compte de la demande de l’enfant. Dans ce cadre, les enfants n’exagèrent pas et n’arrêtent pas le dentiste sans raisons.
Difficulté à avaler ou à respirer
Lorsqu’un enfant se plaint qu’il a du mal à avaler, c’est souvent le cumul de deux difficultés. En effet, souvent l’enfant petit n’arrive pas spontanément à respirer par le nez en gardant la bouche ouverte. Il peut en découler une impression ou un réel étouffement, très anxiogène. Mais on peut encourager l’enfant à s’entraîner à respirer par le nez tout en gardant la bouche ouverte. L’autre difficulté est la déglutition, mais en fait c’est au dentiste de s’occuper d’aspirer la salive et les liquides qui rincent la bouche, l’aspiration est là pour ça et c’est sa responsabilité.
Certains enfants peuvent avoir peur d’être aspiré en entier, il faudra leur préciser et leur montrer que cela n’aspire que l’eau.
Si mon enfant est très inquiet
Si c’est trop difficile ou trop long de soigner un enfant très inquiet on peut lui proposer de faire certains soins en lui faisant respirer un mélange gazeux le MEOPA (Mélange Equimoléculaire, Oxygène, Protoxyde d’Azote) qui lui permettra d’être beaucoup plus détendu (si votre dentiste est équipé et formé à son utilisation). Cette méthode est plus répandue à l’hôpital, mais peut dorénavant être utilisé dans un cabinet de dentiste en ville.
> Voir la fiche "Le M.E.O.P.A. pour avoir moins mal"
Parfois même, on peut lui faire une anesthésie générale. Mais cette solution ne pourra être que ponctuelle, et il faudra quand même que l’enfant apprenne à aller chez le dentiste, à se laisser examiner et soigner car il sera nécessaire qu’il y aille régulièrement toute sa vie.
Après une visite, un soin
Encouragez-votre enfant à vous parler de son expérience, à s’exprimer. Il saura vous dire ce qu’il a ressenti et vous serez peut être surpris de ses réactions qui seront différentes de celles que vous avez vécus enfant.
Si la visite s’est « mal passée », ne le grondez pas, félicitez-le pour les efforts qu’il a faits et que vous aurez repérés : il s’est assis sur le fauteuil, le dentiste a pu regarder dans sa bouche, il a osé poser des questions, etc.
Notez sans attendre sur votre agenda ou sur un calendrier, la date de la prochaine visite.
Les autres professionnels des dents
- L’orthodontiste, c’est un chirurgien-dentiste qui a fait une spécialisation, il s’occupe du bon positionnement des dents. Il est conseillé d’aller le voir suffisamment tôt en particulier si votre enfant suce son pouce, un ou plusieurs doigts, une sucette (tétine), car cela peut modifier la position des dents.
- Le pédodontiste c’est un chirurgien-dentiste qui a choisi de s’occuper exclusivement d’enfants.
- L’odontologie ou dentisterie concerne les soins des dents. A l’hôpital le chirurgien-dentiste travaille dans le service d’odontologie.
- La stomatologie correspond à la médecine de la bouche et des dents. Le stomatologue (ou stomatologiste) est un médecin qui a fait une spécialité en chirurgie maxillo-faciale et stomatologie. Son cursus de formation est plus long que celui d’un chirurgien-dentiste.
Auteur
Françoise Galland, directrice et co-fondatrice de l'association SPARADRAP
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Mise à jour : juillet 2020