Un nouvel article sur la douleur publié dans la revue La Vie des idées de Bénédicte Lombart, cadre de santé, spécialisée dans la douleur de l’enfant et l’hypnoanalgésie, docteur en philosophie pratique et éthique hospitalière et formatrice SPARADRAP.
Les outils d’évaluation de la douleur de l’enfant semblent parfois conduire à la sous-estimer. Quels sont les mécanismes à l’œuvre dans cette sous-estimation ? Que révèlent-ils de notre rapport à l’enfant ?
Résumé : L’évaluation de la douleur chez l’enfant est un enjeu complexe, tant sur le plan clinique qu’éthique. Du fait de son immaturité, l’enfant est particulièrement vulnérable à la douleur, qui peut avoir des effets durables sur sa perception. L’objectivation de cette expérience subjective passe par des outils comme les échelles d’auto-évaluation ou d’observation, adaptées à l’âge et au développement de l’enfant. Toutefois, ces instruments, bien qu’indispensables, ne saisissent pas la totalité de la souffrance vécue, ce qui suscite parfois une réticence ou une résignation de la part des soignants. L’évaluation est aussi influencée par les biais cognitifs et les émotions du professionnel, parfois submergé par le poids éthique de la responsabilité face à un enfant souffrant. Ce contexte peut provoquer une forme de « cécité empathique transitoire ». Loin d’être neutre, la relation soignant-enfant engage une intersubjectivité souvent mise à mal par les contraintes médicales. Reconnaître la douleur de l’enfant implique donc de penser ensemble objectivité, subjectivité et altérité, pour que les exigences cliniques n’éclipsent pas l’expression singulière de l’enfant.