Aider votre enfant face aux soucis de tous les jours
Les soucis, les erreurs, les conflits, les peurs, les difficultés… Vous ne pourrez pas éviter ces expériences désagréables à votre enfant. En apprenant à surmonter ses peurs (du noir, de la séparation, des petites bêtes…) et les difficultés de tous les jours, il grandit ! Dans cet apprentissage, parfois difficile, vous avez un rôle à jouer.
Parler des difficultés mais aussi des bons moments
S’il est essentiel de ne pas lui cacher les moments difficiles traversés par la famille (maladie, décès…), il est important aussi d’essayer de ne pas parler que des soucis (matériels, financiers, au travail, à l'école, actualités à la télé…) et d’arriver à mettre en valeur les bons moments de la vie.
Par exemple, lorsque vous êtes réunis, vous pouvez de temps en temps, inviter chacun à évoquer trois choses agréables qui se sont passées dans la journée.
Vous pouvez aider votre enfant à comprendre ses émotions et à faire la différence entre elles à les nommer. Elles sont naturelles et il est normal d’avoir des émotions parfois très différentes dans la même journée (peur, joie, tristesse, colère, inquiétude…).
Aider votre enfant à trouver des solutions
Pour surmonter les soucis au quotidien, chacun fait à sa façon. Très tôt, l’enfant invente des « petits trucs », des façons de faire face aux difficultés mais il n’en a pas forcément conscience…
Vous pouvez l'aider à les repérer et à s'appuyer sur celles qui fonctionnent bien, à en trouver de nouvelles. Par exemple certains enfants anticipent, posent beaucoup de questions alors que d'autres préfèrent vivre l'instant présent.
Vous pouvez aussi l’encourager et le féliciter lorsqu’il arrive à surmonter ses difficultés. Ainsi, en se connaissant mieux, il aura davantage confiance en lui et dans ses propres capacités à faire face aux soucis de tous les jours.
Inciter votre enfant à parler de ce qui le préoccupe
Les enfants pensent souvent que les adultes lisent dans leurs pensées. Vous pouvez lui expliquer que vous ne pouvez pas savoir ce qu'il pense, certes vous pouvez parfois le deviner, mais ses pensées lui appartiennent.
Prendre, chaque fois que cela est possible, un temps (même court) pour parler avec votre enfant de ce qui lui est arrivé dans la journée, de ce qui le préoccupe est un bon moyen pour rester à l‘écoute.
Très souvent ce dialogue et cette attention vous permettront de trouver avec votre enfant des solutions ou de désamorcer des situations difficiles. Mais quand un souci commence à prendre trop de place dans sa vie, vous pouvez chercher de l’aide.
> Pour aider votre enfant à mettre des mots sur ses soucis, le guide "J'ai des soucis dans la tête... On peut en parler ensemble !" est feuilletable en ligne et aussi disponible en version papier dans notre boutique
Lire avec lui ce guide peut être un moyen de lancer la discussion, de repérer ou de comprendre certains de ses soucis.
Quand les soucis sont trop envahissants
Lorsque les soucis de votre enfant prennent trop de place dans sa vie, il devient nécessaire de faire appel, en fonction du problème, à des professionnels qui sauront l'aider à traverser cette période difficile.
Comment repérer des soucis envahissants ?
Quels que soient les soucis que rencontre votre enfant, c’est leur répétition, leur intensité, leur installation dans la durée qui constituent un signal.
Vous pouvez aussi être alerté par une personne qui s'occupe de votre enfant, comme son enseignant, des amis proches, son animateur du centre de loisir...
Qui contacter pour trouver de l'aide ?
Lorsque cela devient nécessaire, et en fonction du problème, vous pouvez trouver de l’aide auprès du Réseau d’Aide aux Enfants en Difficultés (RASED) présents dans les écoles, et auprès d’associations de soutien aux familles.
> En savoir plus sur les RASED
Vous pouvez aussi vous tourner vers les professionnels de santé qui suivent votre enfant (votre médecin généraliste, votre pédiatre, le médecin scolaire, le centre de PMI…) : ils vous conseilleront une structure ou une personne adaptée (orthophoniste, psychomotricien, conseiller conjugal et familial, psychiatre, psychologue…).
Ces professionnels travaillent en réseau et se connaissent bien : c’est pour vous l’assurance de rencontrer quelqu’un de compétent qui travaille avec les enfants.
> Voir le chapitre "Les différents psys"
Les conséquences de la pandémie de Covid-19
Pendant la crise sanitaire, les enfants n'ont pas été épargnés par le contexte anxiogène, les contraintes (confinement, couvre-feu, port du masque, tests, déscolarisation...) et parfois les drames liés à la maladie. Tout cela peut avoir des répercussions plus ou moins graves sur leur santé mentale.
Si vous repérez un mal-être chez votre enfant, ce n'est pas anodin. Il est important de faire appel, sans attendre, à un professionnel qui saura l'aider.
Actuellement, il est souvent difficile d'obtenir un rendez-vous rapidement. N'hésitez pas à insister autant qu'il le faudra pour que votre enfant puisse être pris en charge.
Dispositif Mon soutien psy
Il s'agit d'un dispositif mis en place par l'État en avril 2022 pour tous, dès l'âge de 3 ans.
Il donne accès jusqu'à 8 séances remboursées chez un psychologue. Pour y avoir accès, il faut d'abord consulter un médecin (pédiatre, généraliste..) qui rédigera un courrier d'adressage, et pourra vous réorienter vers un psychologue partenaire.
Le nombre de professionnels recensés étant peu important dans certaines régions, il peut être parfois difficile d'en bénéficier.
> consulter la page de présentation du dispositif
Chez le psy comment ça se passe ?
Les premiers rendez-vous
Rencontrer un "psy" ne signifie pas toujours entrer en thérapie. Dans un premier temps le “psy” fait le point avec vous lors d’une ou plusieurs rencontres, le temps d’échanger, de comprendre ce qui se passe.
En général, le premier entretien a lieu avec votre enfant en votre présence. Le psy peut aussi vous rencontrer séparément. Lors de ces premiers contacts, il peut faire faire à votre enfant des “tests psychologiques”, lui proposer de dessiner…
En fonction du bilan, le "psy" peut :
- vous rassurer et estimer que la situation n’est pas inquiétante et qu’il n’est pas nécessaire qu’il revoie votre enfant,
- proposer de revoir votre enfant une ou deux fois ou de refaire un bilan dans plusieurs mois,
- proposer à votre enfant de suivre une psychothérapie.
Si votre enfant doit suivre une psychothérapie
Les professionnels utilisent une ou plusieurs approches et les adaptent pour les enfants : les thérapies comportementales et cognitives, les thérapies familiales, la psychanalyse, la relaxation, l’hypnose…
> voir "Les principales psychothérapies"
Le psy peut recevoir votre enfant seul, avec la famille, dans un groupe d’enfants… Il est parfois difficile d’oser demander au psy des précisions sur sa façon de travailler. Pourtant, n’hésitez pas, il répondra à vos questions.
Éventuellement, si votre enfant consulte un psychiatre, ce dernier peut lui prescrire des médicaments (seul un psychiatre, qui est médecin, peut le faire).
Lors des premières rencontres, si vous ou votre enfant “n’accrochez pas” avec la personne conseillée, n’hésitez pas à retourner voir le médecin qui vous l’a recommandée pour en parler et trouver un autre professionnel. Il est important que votre enfant se sente à l’aise et en confiance avec la personne qui va s’occuper de lui.
Aller voir un psy : pas si facile !
Que ce soit parce qu’une institution (école, justice..) vous incite à consulter ou parce que vous faites vous-même la démarche, décider qu’il faut faire appel à un psy puis prendre un rendez-vous reste difficile pour la majorité des parents. C’est normal.
Il faut du temps pour se faire à l’idée, pour se mettre d’accord au sein du couple et trouver l’énergie d’y aller. Et, lorsque la décision est prise, vous pouvez être découragé par les délais d’attente parfois longs avant d’obtenir un rendez-vous…
Et puis, le mot “psy” fait encore peur (peur de la folie, de la maladie mentale, de l’asile…). Pourtant, avoir des soucis, des difficultés ne veut pas dire être fou ! Et aller voir un psy avec son enfant ne veut pas dire qu’il devra raconter sa vie dans les moindres détails pendant des années.
Peut-être craignez-vous que consulter un psy “remue” des choses en vous, dans votre couple, dans votre famille… Il se peut effectivement que cette consultation vous déstabilise un peu au début mais cette démarche est souvent bénéfique et constitue une véritable aide pour votre enfant comme pour vous.
Les principales psychothérapies
Le terme thérapie (le soin) désigne les différentes techniques de psychothérapie.
Les professionnels utilisent parfois plusieurs de ces approches et les adaptent pour les enfants. Voici très schématiquement les différences entre ces différentes approches, qui peuvent vous servir de base pour vous renseigner, échanger avec un psy et mieux comprendre la façon dont il envisage de suivre votre enfant.
La psychanalyse et les psychothérapies analytiques
Le but est de mettre à jour les conflits inconscients d’une personne, par une “cure de parole”. Pour les enfants, ces thérapies utilisent des moyens d’expression très variés : dessin, jeux, modelage, etc.
Les thérapies comportementales et cognitives
Il s’agit de modifier progressivement, par de petites expériences, les conduites et les représentations (les façons de voir) de la personne.
Les thérapies familiales systémiques
Elles considèrent que les problèmes psychologiques d’une personne trouvent aussi leur source dans les relations qu’elle entretient avec sa famille et son entourage et consistent à les modifier.
Les différents « psys »
Le psychiatre
C’est un médecin qui a choisi de se spécialiser en psychiatrie. Ses interventions sont remboursées par la sécurité sociale. Le pédopsychiatre est un psychiatre qui a choisi de travailler auprès d’enfants ou d’adolescents. Parce que le psychiatre est médecin, il est le seul “psy” qui peut prescrire des médicaments à un enfant mais seulement dans certaines situations très précises.
Le psychologue
C’est un professionnel formé pendant au moins 5 ans à la psychologie à l’université. Dans certains centres (à l’hôpital, à l’école, dans les Centres Médico-Psychologiques ou Pédago-Psychologiques), ses interventions sont gratuites car elles sont prises en charge par l’établissement. Ce n’est pas le cas quand il exerce dans un cabinet privé. Le psychologue scolaire peut faire un bilan psychologique de l’enfant, mais pas une psychothérapie.
Le psychanalyste
C‘est une personne (en général un psychologue ou un psychiatre) qui a suivi une formation psychanalytique et qui a fait lui-même une analyse (voir "la psychanalyse" dans les principales psychothérapies).
Le psychothérapeute
C’est une personne qui propose une forme de psychothérapie (voir "Les principales psychothérapies"). Pour user de ce titre il doit être inscrit au registre national des psychothérapeutes. Il n’est pas remboursé par la sécurité sociale
Où peut-on consulter un « psy » ?
- Chez lui à son domicile ou dans un cabinet (en libéral),
- dans des structures du service public :
- Centre de protection Maternelle Infantile (PMI) (jusqu’à 6 ans),
- Centre Medico Psychologique (CMP),
- Centre Medico Psycho Pédagogique (CMPP),
- Centre d’Action Médico Sociale Précoce (CAMSP),
- Centre d’Adaptation Psycho Pédagogique CAPP (à Paris),
- à l’école via le Réseau d’Aide aux Enfants en Difficultés (RASED),
- à l’hôpital, dans un service de psychiatrie ou un autre service.
D'autres approches thérapeutiques
Pour aider votre enfant, d'autres approches thérapeutiques peuvent également être utiles en complément ou en attendant une prise en charge psychologique, par exemple :
La relaxation : une méthode simple qui aide l'enfant à se détendre physiquement et mentalement.
La sophrologie : le ou la sophrologue part d’une anxiété et propose à l’enfant différentes pistes pour surmonter ses difficultés en s’appuyant sur ses propres ressources. Il peut y associer de la relaxation.
L'hypnothérapie : elle permet à l'enfant en impliquant son imaginaire, de changer positivement sa perception de situations stressantes ou douloureuses, et de diminuer ses symptômes.
N'hésitez pas à demander conseil à votre médecin ou à une psychologue scolaire, qui pourront vous orienter vers des professionnels de confiance.
Auteurs
Françoise Galland, co-fondatrice de l'association SPARADRAP
Caroline Ballée, chargée de projets numériques
Avis
Vous souhaitez réagir sur ces textes ? N’hésitez pas à nous contacter via le formulaire de contact !
Mise à jour : mai 2023