Suites difficiles après l'opération d'un phimosis

Lucas, 18 mois, a subit une posthéctomie car il avait un phimosis serré. L'anesthésiste, lors de la consultation, m'a autorisé à accompagner mon enfant au bloc jusqu'à ce qu'il soit endormi, puisque je lui avait demandé, étant donné que je suis étudiante infirmière, il me l'a accordé...

Ce jour là, l'anesthésiste n'est pas le même, et refuse catégoriquement ma présence, on me laisse à peine le temps d'expliquer à Lucas ce qui va lui arriver, que le brancardier me le prends des bras. Il pleure, nous aussi... Bien sur aucune préparation n'a été proposée par la clinique, aucune explication à l'enfant... Une prescription d'Hypnovel intra rectal n'a pas fonctionné...

Lucas sort le jour de l'opération. Rapidement, des cloques apparaissent sur le gland, les soins post-opératoire sont très douloureux à faire, il hurle à chaque fois, bien que je lui explique ce que je vais lui faire. Je rappelle le chirurgien qui confirme que les cloques sont normales et vont disparaitre toutes seules. Il me dit au téléphone de continuer les soins au Dakin...

Ca ne s'arrange pas, les soins sont de plus en plus pénibles... 6 jours après l'intervention, rendez-vous à la clinique avec le remplaçant du chirurgien, qui trouve son zizi tout à fait normal, très beau. "Il a mal ? Ca va passer..."

Je consulte alors mon médecin traitant qui ne comprend pas pourquoi il a autant de phlyctènes. Il me confirme qu'un produit a dû le brûler... Il me fait arrêter le Dakin, prescrit de la Biafine en couche épaisse... 2 jours plus tard, il n'a presque plus rien !!!

Lorsque j'ai voulu lui refaire prendre des bains, l'appréhension de la douleur était telle qu'il hurlait, mettait sa main sur son zizi pour le protéger... A partir de là, il faisait des cauchemars, rêvait de ballon (on à mis du temps à comprendre que c'était le ballon qui avait servi à l’endormir), il se réveillait terrorisé et disait que le ballon allait manger son zizi...

J'en ai parlé à un sophrologue qui nous donnait des cours à l'ifsi, il m'a conseillé de lui faire revivre la scène, de tout verbaliser, ce que j'ai fait... J'ai utilisé son masque qui avait servi à l'endormir, je lui ai montré sur une poupée ce qui s'était passé en gros, j'ai expliqué +++ le pourquoi de l'opération, sa douleur, les soins, notre ressenti...

Depuis ça va mieux, il fait encore ce rêve de ballon mais beaucoup moins et a encore l'instinct de protection sur son zizi qu'il lave seul car je ne peux pas y toucher, il a un mouvement de recul, une appréhension... Il va avoir 3 ans bientôt...

Cyndy R., maman et étudiante infirmière, 2009

 

La réponse de SPARADRAP

Nous vous remercions de votre riche et intéressant témoignage. Je crois qu’on peut vous féliciter de ce que vous avez fait, avec l’aide du sophrologue que vous avez contacté, pour rattraper une situation assez compromise. Je pense que vous assez réussi à désamorcer en grande partie le potentiel traumatique ce que votre fils a vécu. Vous avez aussi fait preuve d’indépendance d’esprit en consultant votre médecin traitant en dépit des paroles rassurantes de la clinique. Ces phlyctènes très douloureuses ont encore ajouté à la douleur postopératoire habituelle, pour laquelle il semble que la prise en charge antalgique était minimale ou absente.

D’autre part il semble clair que dans cette clinique la présence des parents au bloc opératoire n’est pas habituelle, et l’anesthésiste de consultation n’avait pas à s’engager ainsi, sachant probablement qu’il ne s’occuperait pas personnellement de l’anesthésie de votre enfant. Je pense que devant un anesthésiste qui prend cet engagement il serait prudent de s’assurer que c’est bien lui qui conduira l’anesthésie !Finalement c’est seulement longtemps après, puisqu’il semble que cette histoire se déroule entre les 18 mois et les 3 ans de votre fils, qu’il a bénéficié de mots justes à propos de cette expérience traumatisante et incompréhensible pour lui. Cela témoigne de séquelles particulièrement prolongées de cet acte chirurgical « banal » mais qui évidemment rentre en résonance avec l’angoisse de castration normale à cette époque de la vie.

Bref s’il convient de vous féliciter, on ne peut en dire autant pour cette clinique !

Dr Didier Cohen-Salmon