Fiche signalétique
Établissement
Hôpital de la mère et de l'enfant CHU de Limoges
Service d'anesthésie réanimation
8 avenue Dominique Larrey
87042 Limoges cedex
Responsable du service
Pr N. DENISOT, chef de service
T. CHAUSSE, cadre de santé
Personnes contact
Peggy Bourneix, IADE
Geneviève Pilaire, AS
Thierry Chausse, IADE
Activités du service
- Types de chirurgie : chirurgie ambulatoire et conventionnelle - pédiatrique (ORL, ophtalmologie, stomatologie, orthopédique, viscérale) - gynécologique et obstétricale
- Autres actes : endoscopies, biopsies, IRM, scanner, pose de sites
- Nombre de salles d'opération : 6
- Nombre de postes de réveil pédiatriques : 6 postes
- SSPI : pédiatrique
- Nombre d'enfants anesthésiés par an : 1 900 environ
Présentation du projet
Objectifs
- Favoriser la présence des parents lors de l'induction anesthésique et en salle de surveillance post interventionnelle.
Public(s) concerné(s)
Tous les enfants devant subir une anesthésie générale.
Méthodes utilisées en pré-opératoire
- Consultation d'anesthésie
Lors de la consultation pré anesthésique, le médecin anesthésiste réanimateur explique aux parents qu’ils ont la possibilité d’accompagner leur enfant au bloc opératoire et d’assister à l’endormissement de celui-ci (pour les enfants à partir de 8 mois). Il insiste sur le fait que cela ne revêt aucun caractère systématique ou obligatoire, afin de ne pas culpabiliser des parents qui ne le souhaiteraient pas.
Il présente de façon succincte le déroulement de l’induction avec les différentes phases et les réactions potentielles du patient, puis il leur remet le livret « Je vais me faire opérer, alors on va t’endormir » sur l’anesthésie de l’enfant édité par SPARADRAP, et leur propose de visualiser un film.
La projection se déroule sur un ordinateur, dans un espace dédié au sein de la salle d’attente de la consultation de chirurgie pédiatrique. Les aides soignantes de salle de surveillance post interventionnelle, formées pour cette activité, prennent en charge à tour de rôle ces présentations. Elles répondent aux éventuelles questions et précisent les différences entre le film et la réalité. En effet celui-ci a été tourné en 2004, avant l’ouverture de l’hôpital de la mère et de l’enfant. A cette époque, les parents n’étaient pas autorisés à entrer dans le bloc opératoire. Des problèmes de coût et de disponibilité du service communication n'ont, à ce jour, pas permis de refaire le film.
- Le jour de l’intervention
Le brancardier de chirurgie pédiatrique accompagne l’enfant et les parents dans le sas de transfert du bloc opératoire de chirurgie pédiatrique. Ce dernier est aménagé spécifiquement pour les enfants, avec une décoration, des jeux adaptés à tout âge.
Un système d’appel par bip permet aux brancardiers de joindre l’aide soignante de salle de surveillance post interventionnelle affectée à l’accueil des enfants et des parents, de 7h00 à 21h00. C’est elle qui prend le relais dans le secteur bloc opératoire. Elle vérifie que le parent souhaite toujours assister à l’induction anesthésique de son enfant et si le médecin anesthésiste réanimateur valide la procédure d’accueil au bloc opératoire : les refus des médecins anesthésistes sont essentiellement liés à un état émotionnel des parents à même de perturber l’enfant et le bon déroulement de la procédure. S’il donne son accord, le papa ou la maman est préparé. On leur demande d’enfiler une tenue spécifique permettant l’accès au bloc opératoire : une combinaison à usage unique en tissu, des sur chaussures et un masque. Une friction des mains avec une solution hydro-alcoolique est réalisée.
L’enfant (tenu, en fonction de son âge, dans les bras de son papa ou sa maman) et le parent sont accompagnés dans la salle de bloc opératoire par l’aide soignante et l’équipe qui vont le prendre en charge pour l’opération. Il est installé sur la table chirurgicale et recouvert d’un drap chaud.
L’infirmière anesthésiste, après les vérifications réglementaires en vue de garantir la sécurité anesthésique et opératoire, met en place le monitorage adéquat. Le parent reste en salle à côté de son enfant, main dans la main, jusqu’à la perte de connaissance. Le jeune patient garde, tant qu’il n’est pas endormi, ses objets transitionnels (doudou, jouet…). Ceux-ci seront ensuite mis dans le lit afin qu’il les ait à ses côtés une fois réveillé en salle de surveillance post interventionnelle.
En fonction de l’avancement du geste anesthésique, le médecin anesthésiste réanimateur demande que le parent soit raccompagné en salle d’attente des familles. Il s’agit d’une pièce dédiée, aérée avec des fenêtres donnant sur un patio qui dispose de fauteuils, d’un téléviseur et de magazines pour rendre l’attente moins longue. L’aide-soignante informe les parents que dès que possible, on viendra les chercher pour les accompagner auprès de leur enfant..
Méthodes utilisées en post-opératoire
A la sortie du bloc opératoire, l’enfant est accueilli dans une salle de surveillance post interventionnelle spécifique, équipée pour la prise en charge de six personnes. Elle est réservée aux enfants, les murs sont décorés d’images autocollantes (images d’animaux, fleurs…).L’aide soignante responsable de l’accueil au bloc opératoire est affectée dans cette salle. Ceci permet à l’enfant, à son réveil, d’avoir un visage connu et de créer un repère associé à un moment convivial et détendu.
Après la phase d’extubation et élimination des risques potentiels liés à l’acte, l’enfant est installé avec ses objets de transition et rassuré par l’équipe paramédicale de salle de surveillance post interventionnelle, le temps d’aller chercher un des parents dans la salle d’attente des familles. Ce dernier, en l’absence d’avis médical contraire (rachi anesthésie, traction, drainages…), a la possibilité de prendre l’enfant dans ses bras et de le garder sur ses genoux le temps du réveil complet. Des chaises sont mises à disposition des parents pour leur permettre de s’asseoir à coté du lit. Si les deux parents sont présents, une rotation est organisée avec eux pour permettre à chacun de se rassurer et réconforter l’enfant. En fonction du nombre, et de l’état des autres patients en surveillance, les deux parents peuvent ponctuellement rester auprès de l’enfant. Afin de garantir la tranquillité, la pudeur et la confidentialité, des paravents permettent d’isoler les différents postes de travail.
Par leur présence, les parents ont une action sécurisante pour aider l’enfant à se calmer. Eux seuls ont la connaissance de l’origine potentielle des pleurs (peur de l’inconnu, douleur, angoisse, faim…). C’est un véritable accompagnement en partenariat parents/soignants pour optimiser la prise en charge de l’enfant.
Lorsque tout risque de complications, tant chirurgicales qu’anesthésiques, est écarté, et après accord du médecin anesthésiste réanimateur, le retour dans la chambre peut avoir lieu.
Le brancardier qui a acheminé la famille jusque dans les locaux du bloc opératoire est appelé afin d’effectuer ce transfert. Lors de la prise en charge en salle de surveillance post interventionnelle par ce dernier, le dossier du patient lui est remis, et des transmissions sont réalisées afin de garantir la continuité des soins.
Pérennisation
A l’origine de la mise en place de la procédure d’accueil des enfants au bloc opératoire, une personne avait été recrutée spécifiquement pour prendre en charge cette nouvelle démarche. Après deux ans de fonctionnement, il est apparu que cette personne était régulièrement absente pour l’information donnée à la consultation du fait de ses congés annuels, de la réduction du temps de travail, des formations. De plus pendant que cet agent donnait les explications aux patients, personne n’était présent dans le sas de transfert du bloc opératoire pour permettre aux parents d’accéder en salle d’opération.
Afin de pérenniser et d’améliorer encore le travail mis en place, les aides soignantes de la salle de surveillance post interventionnelle ont été intégrées au processus. La mise en fonction d’un bip d’appel qui leur a été confié, a permis d’élargir les plages horaires d’accueil de 8h30 – 13h00, à 7h00 – 21h00. La prise en charge dans le service de consultation a pu être assurée, du fait de leur présence, tous les jours de l’année.
Toutes ces modifications induites dans l’organisation du secteur ont demandé des efforts matériels et humains. Certains n’ont pas manqué de remettre en question l’intérêt de la procédure. Afin d’implanter définitivement ces pratiques dans la structure, de valider le bénéfice et les bienfaits tant pour les enfants et leur famille que pour les professionnels, des membres de l’équipe paramédicale ont décidé de mener et de déposer un projet de recherche infirmière validé institutionnellement dont le résumé est en cours de rédaction. C’est lors de la pose du constat que des éléments négatifs sont apparus dans ce qui est actuellement réalisé, laissant la place à de nombreuses possibilités pour améliorer encore ce qui existe.
Cela passe par une meilleure qualité de l’information :
- des familles sur la réalité de la prise en charge et l’intérêt pour l’enfant.
-
du personnel dans les services de soins sur la procédure elle-même, son déroulement, les moyens alloués, le bénéfice attendu en terme de qualité et de satisfaction au travail, et de reconnaissance professionnelle.
Pour cela, il est indispensable de disposer d’outils spécifiques parfaitement adaptés. Ainsi l'équipe pourra, grâce au prix du concours organisé par l’association SPARADRAP, acquérir les outils qui manquent, et adapter ceux existants, pour pérenniser la démarche initiée en 2004. Elle pourrait acheter un lecteur de DVD portable plus compact, mobile, attractif pour les enfants, et permettant la lecture du film avec la bande sonore. Le service communication de l’hôpital disposerait de moyens pour refaire un film, tourné dans les nouveaux locaux, avec le personnel que les enfants seront amenés à rencontrer réellement lors de leur séjour, et où les parents seront pris en compte. Une nouvelle plaquette informative sera également réalisée, répondant aux mêmes exigences que le film, et remise de façon systématique par le médecin anesthésiste réanimateur lors de la consultation.
Évaluation
Après la mise en place de la procédure initiale, une première phase d’évaluation a été menée. Il s’agissait d’une enquête réalisée sur le mode déclaratif entre janvier et juin 2007, auprès de 200 enfants devant être opérés et de leurs parents. Une moitié de ceux-ci avaient bénéficié de la procédure d’information, l’autre pas.
Résultats
Il est ressorti de cette étude que les enfants qui avaient visionné le film et qui avaient eu la possibilité d’obtenir des réponses à leurs questions étaient plus calmes en pré opératoire. Ils participaient à la phase d’induction en tenant eux-mêmes le masque d’anesthésie.En phase de surveillance post interventionnelle, ces enfants étaient moins agités, plus coopérants, manifestaient moins (cris et pleurs) avec une stratégie analgésique identique.
Au décours du visionnage du film, les parents font part de leur satisfaction d’avoir vu les étapes de la prise en charge de leur enfant au bloc opératoire. Ceci permet une dédramatisation de l’anesthésie.
Les dernières modifications apportées à la procédure avec l’élargissement des plages d’accueil, et la généralisation des possibilités d’information à la consultation d’anesthésie, associés à la mise en place du projet de recherche paramédicale, devront permettre une évaluation plus complète et plus fiable du travail réalisé par l’équipe dans l’intérêt des enfants et de leur famille.
Analyse
Difficultés rencontrées
Des bilans réalisés aussi sur le mode déclaratif (personnel, parents), font ressortir que les locaux, le matériel, et l’organisation ayant changés, le film présenté lors de la consultation pré anesthésique est inadapté. Ce dernier donne une vision erronée de la réalité, amenant l'équipe à corriger certaines informations lors de la présentation. Il semble également qu’avoir un matériel permettant de profiter d’une bande sonore serait plus attractif et efficace.
Le document papier présenté en même temps est aussi à réactualiser car il est trop développé, et non-conforme à la réalité. Les possibilités offertes aux parents (entrée au bloc et en SSPI, salle d’attente…) n’apparaissent pas. Il est ainsi rébarbatif, ne capte pas l’attention des enfants, et ne répond pas vraiment aux attentes des parents (visualiser les locaux, le personnel…).
La difficulté d’apprécier la sensibilité des enfants et des parents quant au visionnage du film, la banalisation de ce qui se passe à l’hôpital de par les nombreuses informations délivrées dans les médias (émissions de vulgarisation…), incite l'équipe à aller plus loin dans sa quête de recherche d’amélioration permanente des pratiques en rédigeant un projet de recherche infirmière. Ce projet de recherche va leur permettre de mesurer scientifiquement l’impact réel de cette procédure sur la qualité de la prise en charge de l’enfant et de ses parents.
Points forts
La procédure existante, issue de plusieurs années d’expérience et d’évolution, bénéficie de facteurs favorisants parmi lesquels :
- l’implication de toute l’équipe soignante (médicale et paramédicale),
-
le travail en binôme médecin anesthésiste réanimateur / aide soignante, à la consultation pré anesthésique,
-
une organisation dédiée, libérant du temps pour que le personnel soit disponible,
-
des locaux aménagés pour réaliser l’information, puis l’accueil, confortablement et dans le calme,
-
une formation des nouvelles aides soignantes pour leur permettre d’appréhender au mieux les spécificités de cette activité.
Le projet en images
Salle d'attente de consultation d'anesthésie
Sas de transfert du bloc opératoire
Induction avec présence des parents
Salle de surveillance post interventionnelle
Salle d'attente des familles
Patio
Les annexes
Procédure d'accueil - CHU de Limoges
Résultats enquête parents- CHU de Limoges