Fiche signalétique
Établissement
Hôpital Femme Mère Enfant - CHU Service d'anesthésie 59 boulevard Pinel 69500 Bron
Responsable du service
Pr Dominique CHASSARD, chef de service
M. Philippe SERRA, cadre de santé
Personnes contact
Sylvain Tosetti, praticien hospitalier contractuel (PHC)
Dominique Chassard, professeur et chef de service (PUPH)
Mathilde de Queiroz Siquiera, praticien hospitalier (PH)
Activités du service
- Types de chirurgie : ambulatoire et conventionnelle (tous les domaines de la chirurgie pédiatrique et néonatologie, hormis les interventions cardiaques nécessitant une CEC (circulation extra-corporelle)
- Autres actes : endoscopies, radiologie interventionnelle et conventionnelle (IRM, Scanner...)
- Nombre de salles d'opération : 13
- Nombre de postes de réveil pédiatriques : 12 postes (dont 2 ventilateurs)
- SSPI : pédiatrique
- Nombre d'enfants anesthésiés par an : environ 9 000
Présentation du projet
Objectifs
- Améliorer la préparation et la distraction des enfants avant une anesthésie grâce à l'utilisation de tablettes électroniques comportant des jeux, afin d'établir une relation privilégiée entre le personnel soignant et les enfants et de les mettre en confiance.
Public(s) concerné(s)
Tous les enfants devant subir une anesthésie générale.
Méthodes utilisées en pré-opératoire
- Accueil :
Les enfants sont emmenés au bloc opératoire par un aide de salle, qui vient les chercher, s’assure de leur identité, en présence des parents, récupère les données administratives et le dossier médical. Puis, il emmène les parents ainsi que l’enfant dans son lit jusqu’au sas. Dès ce premier contact, l’enfant peut bénéficier du moyen de distraction (tablette électronique) et on lui explique comment l’utiliser. Les parents sont partie intégrante du jeu mis en place. Le choix des jeux est fait selon les envies et les intérêts de l’enfant, discutés en consultation d’anesthésie et la gamme proposée est adaptée également à la tranche d’âge (0-2 ; 2-5 ; 5-10 ; 10-15 ans) selon une classification issue de l'expérience de l'équipe. Les jeux sont tous adaptés à un large public et il ne comportent en particulier aucune scène violente ou de nature à choquer l’enfant.
- Sas du bloc opératoire :
Les enfants sont accueillis ensuite dans le sas du bloc opératoire, où se fait le passage sur la table d’opération puis la séparation d’avec les parents. Dès leur arrivée dans le sas, le personnel qui est en charge de l’enfant en salle d’opération se présente également et rentre en interaction avec l’enfant au travers du jeu qu’il a choisi. Vient le moment de la séparation d’avec les parents et le trajet en direction de la salle d’opération, au cours duquel l’enfant continuera à jouer.
- Salle d'opération :
Le monitorage d’anesthésie est posé en faisant des liens avec le jeu en cours (couleurs des électrodes, action de gonflage du brassard à tension, lumière magique de la saturation, etc.). La saturation est placée si possible sur les pieds afin de ne pas gêner la dextérité au jeu.La phase de présentation du masque d’anesthésie se déroule de la même manière, il est fondamental que l’enfant continue à jouer, aussi l’induction (gazeuse ou intraveineuse) se déroule en position assise, sinon une personne aide l’enfant à tenir la tablette devant ses yeux et la tablette électronique est récupérée lorsque l’enfant a perdu conscience.Après le réveil, l’enfant est amené en SSPI.Les enfants trop jeunes pour participer au jeu avec la tablette sont pris en charge au moyen de jeux (petites figurines, gadgets faisant de la lumière, etc.) et les IADE sont formées à l’hypnose.
Méthodes utilisées en post-opératoire
Selon les disponibilités des appareils, les enfants se verront proposer de rejouer avec les tablettes électroniques, si cela n’est pas possible, un lecteur DVD ainsi qu’une boîte contenant divers jeux adaptés aux différents âges sont proposés. Le personnel de SSPI est également formé à la distraction des enfants par des chansons, des histoires, etc.
Pérennisation
Pour l’instant il n’y a pas de protocole formel, puisque la pratique est récente mais celui utilisé dans l’étude de comparaison entre prémédication par tablette ou médicament (voir ci-dessous), pourra être formalisé et systématisé selon son efficacité, en particulier la diminution du recours à une prémédication médicamenteuse, pourvoyeuse d’effets secondaires paradoxaux et d’échecs. Le service de pédopsychiatrie de l’HFME participera à l’étude et à l’évaluation de l’introduction de cette technique.
Évaluation
- Toute prise en charge de patient faisant l’objet d’une distraction est tracée par le biais du logiciel informatique de surveillance péri interventionnelle. Cette traçabilité permet d’évaluer l’efficacité de la prise en charge, d’en apprécier la qualité et les effets, et de reproduire cette démarche en cas de nouvelle intervention car en cas de retour de l’enfant pour toute autre intervention, il est facile de relire les documents antérieurs et de savoir comment il a été accueilli et si cela lui a été bénéfique.
- L'équipe souhaite mener un étude qui aura un but double : premièrement, évaluer formellement la pratique de la distraction par tablette électronique (satisfaction des parents, des enfants et des soignants, comportement à domicile) et deuxièmement, évaluer si elle est équivalente ou supérieure à une prémédication médicamenteuse, et valider l’implantation de cette nouvelle approche en complément aux approches traditionnelles (hypnose, jeux, accueil au bloc opératoires avec des images et une fresque murale, prémédication).
- A terme, elle souhaiterait évaluer la tranche d’âge des plus jeunes, car ils sont tout aussi, si ce n’est plus, démunis face au stress et à l’anxiété péri-anesthésique, étant donné leur faible capacité à verbaliser leurs angoisses, due à l’immaturité de leur langage et de leur psychisme. Cela pourra faire l’objet d’une autre étude. Dans la pratique, l'équipe leur propose aussi une prise en charge avec la tablette, au moyen de bruits d’animaux, d’images colorées en mouvement (ballons) et de musiquettes. Les enfants polyhandicapés sont aussi des bénéficiaires potentiels de cette technique, qui permet d’accéder à leur monde par un autre moyen et de créer une relation de confiance, chez des enfants particulièrement exposés aux troubles anxieux préopératoires et qui sont souvent difficiles à accompagner du fait de leur pathologie neuro-développementale.
Analyse
Difficultés rencontrées
- Cette technique de distraction est utilisée pour des enfants de tout âge, mais les enfants en-dessous de 2 ans n’y réponde pas aussi bien.
- Parfois la tablette représente un poids trop important pour un petit enfant et nécessite l’aide d’une autre personne pour la tenir, mais l’enfant s’adapte facilement et se replonge rapidement dans son univers.
- Il y a un problème de sécurisation du matériel, le service informatique cherche un moyen de traçabilité et d’autre part, les intervenants vont être responsabilisés. Pour l’instant, la tablette est sous la responsabilité d’un anesthésiste, qui s’occupe de la recharger, la mettre sous clef à la fin de la journée et de la mettre à disposition sur demande.
Points forts
- L’expérience acquise par le personnel de l’HFME avec l’hypnose, l’accompagnement par les chants et les jeux, ainsi que l’utilisation des DVD portables peut être transmise au projet de tablette électronique.
- Enthousiasme des enfants, des parents et du personnel du bloc opératoire pour cette technique de distraction, particulièrement efficace parmi cette génération baignée dans les écrans dès leur plus jeune âge.
- Les jeux et la distraction proposés via cette tablette électronique ont aussi permis la prise en charge d’enfant de langue étrangère ou comprenant mal le français, de par le langage « universel » des jeux électroniques.
Le projet en images
Vidéo (durée : 5' 37'')