Décalotter ou pas ?
Pour certains parents, le décalottage serait nécessaire à une bonne hygiène du prépuce. Pour certains professionnels, le décalottage permettrait d’éviter les pathologies du prépuce (phimosis, balanite…). Ces idées perdurent alors qu’elles sont totalement contredites par les études scientifiques.
Un peu de physiologie et quelques chiffres
Le prépuce est la partie de peau au bout du pénis qui recouvre le gland.
A la naissance et chez les nouveau-nés de moins d’un an, la face interne du prépuce adhère au gland (on parle d'adhérences préputiales) et l’ouverture au bout du prépuce est étroite rendant le décalottage impossible. Cette impossibilité de décalotter concerne 96 % des nouveau-nés de moins de 1 an. On parle alors d’un phimosis physiologique qui, au contraire du phimosis pathologique, est tout à fait normal.
Grâce aux manipulations de l’enfant et aux érections spontanées, ces adhérences vont progressivement se libérer et le bout du prépuce s’élargira permettant le décalottage. Même si cela est variable selon les enfants, généralement le prépuce peut être complètement décalotté vers 3, 4 ans chez la majorité des enfants. A l’adolescence, seuls 1 à 3 % des adolescents ne pourront toujours pas décalotter leur pénis*.
Le conseil est donc de laisser faire : les « problèmes » de décalottage se régleront naturellement dans la quasi-totalité des cas.
> Lire une interview du Dr Martin Winckler
* GAIRDNER D. – The fate of the foreskin. A study of circumcision. Brit Med. J. 1949 ; 2 :1433 & OSTER J. – Furtherfate of the foreskin. Arch. Dis Child, 1968 ; avr ; 43:200-3
Les risques du décalottage forcé
Rappelons qu’à la naissance et chez les enfants de moins d’un an, l’ouverture au bout du prépuce est étroite et rend le décalottage impossible. Cela concerne 96 % des enfants de moins de 1 an.
Lorsque le prépuce de votre bébé ne se rétracte pas facilement, il ne faut surtout pas le faire de « force ».
En effet, ces manipulations sont non seulement très douloureuses mais peuvent entrainer des petites lésions qui en cicatrisant vont épaissir l’ouverture du prépuce (anneau préputial) et diminuer fortement la capacité naturelle du prépuce à se rétracter.
Cela peut provoquer ce qu’on appelle un phimosis acquis. Un autre risque majeur est de provoquer un paraphimosis.
En savoir plus
> Voir "Les principales maladies du pénis chez le petit garçon"
Comment laver le pénis de mon petit garçon ?
Lors du bain ou de la toilette de votre enfant, vous vous demandez si vous devez le décalotter pour mieux le nettoyer.
La toilette intime de votre garçon
Lavez le sexe de votre enfant avec de l’eau et un savon doux, mais sans aucune tentative de décalottage.
Rincez bien le savon car même s’il est dit « doux », il peut être irritant s’il n’est pas bien rincé.
Lorsque le prépuce pourra se décalotter un peu ou complètement, le gland pourra être lavé de la même façon.
Le smegma
Il est quelque fois possible de voir une substance blanchâtre ou jaunâtre, appelé smegma, entre le gland et le prépuce. Il s’agit d’un lubrifiant naturel qui facilitera plus tard le décalottage de votre enfant.
Il ne faut pas chercher à tout prix à le nettoyer. Le smegma s’éliminera spontanément lorsque votre enfant pourra se décalotter.
Quand consulter un médecin pour mon enfant ?
Plusieurs facteurs peuvent vous alerter et vous amener à consulter un médecin pour votre enfant.
Voici les signes qui doivent vous alerter
- Si le prépuce de votre enfant est rouge, gonflé,
- s’il y a des écoulements purulents,
- si votre enfant se plaint de douleurs quand il fait pipi.
En dehors de ces signes d’alerte et de plaintes de votre garçon, il n’y a aucune raison de s’inquiéter.
Lors des consultations régulières de la petite enfance, votre pédiatre ou votre généraliste surveillera le prépuce de votre enfant (en le manipulant avec douceur) pour repérer d’éventuelles malformations ou un phimosis congénital.
Les principales maladies du pénis chez le petit garçon
Paraphimosis, phimosis, balanite, balanoposthite sont les principales pathologies du prépuce chez l’enfant. A part le paraphimosis qui constitue une urgence médicale, ces pathologies guérissent très bien avec un traitement adapté et entrainent rarement de graves complications.
Le phimosis congénital
Le phimosis congénital, c’est-à-dire de naissance (et pas forcément héréditaire) se définit par un prépuce très étroit qui ne pourra pas se rétracter naturellement avec la croissance de l’enfant et rendra impossible le décalottage complet.
Il s’agit d’une pathologie très rare qui ne concerne qu’environ 8 % des enfants de 6 à 7 ans et seulement 1 % des adolescents de 16 à 18 ans.
Le phimosis acquis ou secondaire
Il est caractérisé par un prépuce « cicatriciel » (le prépuce a eu de petites lésions qui ont cicatrisé) avec une inflammation plus ou moins chronique.
Le phimosis acquis ou secondaire survient à la suite de décalottages forcés ou d’infections comme les balanoposthites.
Traitement du phimosis congénital et du phimosis acquis
Auparavant, l’intervention chirurgicale était souvent proposée mais désormais les recommandations des associations professionnelles d’urologie préconisent de mettre en place un traitement local en première intention. Il s’agit de crèmes à base de corticoïdes que l’on applique 1 à 2 fois par jour sur le prépuce pendant plusieurs semaines. Cela permet de libérer les adhérences et d’assouplir le prépuce.
Les études montrent une très grande efficacité de ce traitement*. Il ne doit être envisagé (tout comme la chirurgie) qu’après l’âge de 5-6 ans, quand le phimosis persiste.
*Une étude a montré que sur 96 enfants traités par l’application d’une crème 2 fois par jour, le taux de guérison était de 92 % après le suivi d’une ou deux cures. (voir les références en bibliographie)
Le paraphimosis
Le paraphimosis survient lorsque le prépuce, encore trop serré, reste coincé en position décalottée et qu’il ne peut plus coulisser pour revenir couvrir le gland. L’anneau du prépuce (son extrémité) comprime alors le gland, provoquant un œdème, c’est-à-dire le gonflement du gland. Le gland devient rouge puis violacé et cela est très douloureux. Si le paraphimosis n’est pas réduit rapidement, cela peut conduire à une nécrose du gland.
Le paraphimosis est une urgence médicale pour laquelle il faut consulter immédiatement. L’équipe médicale ou le médecin tentera de recalotter le gland (en utilisant des moyens antalgiques contre la douleur) et si cela n’est pas possible manuellement, une intervention chirurgicale sera peut-être nécessaire.
Balanite, posthite et balanoposthite
Il s’agit d’inflammations du gland et/ou du prépuce, le plus souvent d’origines infectieuses. La balanite concerne l’inflammation du gland et la posthite l’inflammation du prépuce. Lorsque le gland et le prépuce sont infectés, on parle de balanoposthite.
Lors de ces infections, on peut observer des taches rouges ou blanches, des démangeaisons, éventuellement un écoulement de pus et l’enfant ressent de fortes douleurs. Il ne faut surtout pas tenter de décalotter l’enfant lors de ces épisodes infectieux au risque d’aggraver l’infection. Ces infections nécessitent de consulter un médecin qui prescrira, le plus souvent, un traitement antiseptique local. En attendant, des antidouleurs tels que le paracétamol peuvent être donnés pour soulager la douleur.
Mon enfant doit être opéré pour un phimosis
Il existe deux types d’intervention du prépuce : la plastie et la posthectomie. Ces opérations ne sont proposées qu’à partir de 5-6 ans.
Plastie et posthectomie du prépuce
La plastie du prépuce consiste à élargir le prépuce :
La posthectomie consiste à enlever le prépuce :
Auteurs
Ce dossier a été rédigé par Myriam Blidi, chargée de projets et de la formation
Révision médicale : Dr Catherine Devoldère, pédiatre, Unité d'hématologie, immunologie et oncologie pédiatrique du CHU d'Amiens et présidente de SPARADRAP, ainsi que des membres de l'association AIRCHIP (Association Internationale de Recherche en Chirurgie Pédiatrique)
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Dossier créé en février 2014 - Mise à jour: janvier 2019