Qu'est-ce que la douleur ?
Il existe différentes sortes de douleur :
Les "bobos" de la vie quotidienne
Les enfants jouent, explorent et cela ne va pas sans quelques rencontres douloureuses. Ils apprennent leurs propres limites et les dangers du monde extérieur. A la douleur s’ajoute souvent la tristesse, la culpabilité, la solitude ou la colère... Un enfant qui est tombé peut pleurer parce qu'il s'est fait mal, mais aussi parce qu'il est déçu et vexé d'avoir échoué dans son élan.
Les douleurs liées à la maladie
Certaines maladies de l'enfance provoquent des douleurs qui attirent l'attention et peuvent aider le médecin dans son diagnostic. Une fois le message "douleur" reçu, il ne sert à rien de le faire durer.
La douleur n'est pas toujours synonyme de maladie grave : il existe de fortes douleurs dont les causes sont simples (migraine, otite…). Par contre, certaines maladies sérieuses ne font toujours pas mal (diabète, insuffisance rénale…).
Les douleurs provoquées par les soins
Lors de certains soins ou examens, les médecins et les infirmières savent que l'enfant va avoir mal ou qu'ils seront obligés de lui faire mal (par exemple : les points de suture, les piqûres, les opérations, certains examens...).
Il est très souvent possible de donner un traitement pour les éviter ou les soulager (même si le soin ou l’examen est réalisé en urgences).
*Selon l'Association Internationale d'Étude de la Douleur (IASP), la douleur est "une expérience désagréable, émotionnelle et sensorielle, liée ou non à un dommage tissulaire ou décrite par le patient en de tels termes"
Voir aussi
> Pour aider votre enfant à comprendre ce qu’est la douleur et comment faire pour avoir moins mal, le guide « Aïe ! J'ai mal... » est feuilletable en ligne et aussi disponible en version papier dans notre boutique. Il est adapté pour les enfants entre 3 et 12 ans.
> Retrouvez aussi, en bas de cet article, une vidéo d'animation "La physiologie de la douleur", qui explique comment "fonctionne" la douleur.
Comment repérer que mon enfant a mal ?
Devant la douleur, chacun est différent
Certains enfants se plaignent, d'autres moins et il faut arriver à accepter, sans juger, ces différences de réaction. Ce n'est pas un signe de faiblesse de dire que l'on a mal, cela ne signifie pas que l'enfant est "douillet", et rares sont les enfants qui font semblant. Certains enfants expriment plus facilement leur douleur ou leurs peurs, en présence de leurs parents que lorsqu’ils sont avec des inconnus.
Les nouveau-nés et les bébés ressentent aussi la douleur et ils s'en défendent moins bien que les adultes. La mémoire de la douleur existe chez les tout-petits : après des soins qui se sont mal passés, le jeune enfant peut craindre pour longtemps "les blouses blanches".
La douleur est souvent difficile à décrire ou à localiser
Les enfants peuvent avoir des difficultés à dire où, comment et "combien" ils ont mal. Parfois, ils croient qu'ils n'ont pas besoin de le dire parce que, pour eux, leur corps est "transparent" et les adultes peuvent "voir" ce qu'ils éprouvent.
L’atonie psychomotrice
Parfois, un enfant peut avoir tellement mal qu'il devient incapable de réagir. On risque alors de se tromper et de croire qu'il est simplement triste, calme ou même sage ! Pourtant, si on lui donne des médicaments contre la douleur, il recommencera à parler, à bouger, à jouer et à s'intéresser aux autres.
Et si votre enfant ne peut pas parler de sa douleur ?
Les bébés, les jeunes enfants, certains enfants handicapés ou intubés (introduction d’un tube dans la trachée qui permet de respirer mais qui empêche de parler), ou encore ceux ne maîtrisant pas la langue ne peuvent pas parler de leur douleur. Il faut alors être d’autant plus attentif à leur changement de comportement.
> Pour mieux comprendre comment un bébé né prématuré exprime sa douleur ou son inconfort ou comment l’aider, l'association propose un guide pour les parents : Je vous parle, regardez-moi !
Il aide les parents d’enfants nés prématurément à repérer les signes de bien être, d’inconfort ou de douleur chez leur bébé. Ce guide est feuilletable en ligne et disponible en version papier sur notre boutique.
Pourquoi et comment évaluer la douleur ?
La douleur est une expérience subjective. A l'hôpital, dans les lieux de soins et dans les consultations spécialisées de la douleur, on utilise différentes techniques pour mesurer "combien" l'enfant a mal. Les professionnels peuvent ainsi la quantifier, vérifier dans la durée l'efficacité des traitements et les adapter si besoin.L’évaluation par l’enfant lui-même ou autoévaluation
L'échelle verbale simple (EVS) :
On demande à l'enfant de dire s'il a mal "un peu", "moyen", "beaucoup" ou "très fort".
Utilisable à partir de 3 ou 4 ans.
La réglette des visages :
Elle comprend 6 visages qui représentent 6 intensités de douleur. On demande à l'enfant de montrer le visage qui a mal comme lui.
Utilisable à partir de 4 ans.
reglette douleur EVA-detail
L'échelle visuelle analogique (EVA) :
Cette réglette comprend un curseur que l'enfant doit placer "aussi haut que sa douleur est grande".
Utilisable à partir de 6 ans.
L’échelle numérique (EN) :
On demande tout simplement à l'enfant de donner une note à sa douleur, entre 0 et 10.
Utilisable à partir de 8 ans.
Le "dessin du bonhomme"
Il aide l'enfant à préciser où il a mal. Il choisit 4 couleurs pour désigner 4 intensités de douleur (légère, moyenne, forte, très forte) puis il colorie l’endroit où il a mal sur 2 schémas qui représentent un corps vu de face et de dos.
Parfois, certains enfants craignent de donner une évaluation élevée par peur d’avoir une « piqûre », un autre traitement, de devoir rester plus longtemps à l'hôpital, ou encore pour ne pas inquiéter leurs parents… En cas de doute, il faut encourager l’enfant à exprimer ses inquiétudes parfois erronées.
L'observation par les adultes ou hétéro évaluation
L'observation par l'équipe médicale
Pour les jeunes enfants (dès la naissance) ou les personnes porteuses de handicap, les soignants évaluent la douleur grâce à des échelles de comportement. Le soignant coche sur une liste les signes qui peuvent signifier une douleur : les pleurs, la position, l'expression du visage, l'agitation, le sommeil, le besoin de réconfort, l’arrêt des activités habituelles...
> Exemple de grille d’évaluation : la grille Evendol
L'observation par les parents à la maison, après une opération
L'échelle PPMP* peut vous aider à évaluer la douleur de votre enfant entre 2 et 12 ans. Les critères se basent sur des modifications de comportement (par exemple : "Ne fait pas les choses qu'il ou elle fait d'habitude"...).
Le résultat de cette observation donne un score de douleur (un chiffre) qui peut vous aider à adapter le traitement de votre enfant, soit en contactant le médecin qui le suit, soit par vous même si le médecin vous a fourni une prescription antalgique de "seconde intention", c'est à dire qui prévoit une dose plus importante ou un antalgique plus puissant, si la première prescription ne s'avère pas suffisante.
Soulager la douleur de mon enfant
Peur et douleur sont indissociables : il faut tenir compte de ces deux composantes pour bien soulager la douleur, en particulier chez un enfant.
Que ce soit à la maison ou à l’hôpital, chaque fois qu'une douleur est assez intense ou prolongée pour empêcher les activités habituelles de votre enfant, il faut la traiter.
Les moyens de soulager la douleur sont nombreux et peuvent être combinés. Il existe deux types de traitements, qui pour être efficaces doivent souvent être associés :
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Les moyens non médicamenteux
Ils permettent de limiter la sensation douloureuse et sont complémentaires des médicaments. N’hésitez pas à les utiliser car ils sont souvent très simples à mettre en place.
(Voir les moyens non médicamenteux ci-dessous) - Les médicaments contre la douleur
Il existe aujourd’hui toute une gamme de traitements adaptés à de nombreuses situations, des plus bénignes aux plus sévères.
(Découvrir les moyens médicamenteux ci-dessous)
Éviter la douleur provoquée par les soins ou les examens
Quand les médecins et les infirmières savent que l’enfant va avoir mal ou qu’ils seront obligés de lui faire mal lors d’un soin ou d’un examen, il est fréquemment possible de donner un traitement pour éviter ou soulager la douleur induite par les soins.
Vous avez également un rôle très important à jouer auprès de votre enfant pour le préparer, l’accompagner, le distraire…
> Découvrir comment éviter la douleur des soins et des examens
Les moyens non médicamenteux pour soulager la douleur
Il existe de nombreux moyens qui permettent de limiter la sensation douloureuse et sont complémentaires des médicaments. Les moyens présentés ci-dessous peuvent facilement être utilisés au quotidien et dans toutes les situations douloureuses.
L'écoute, le réconfort
Le fait d’être rassuré, serein, confiant, motivé, permet de moins ressentir la douleur.
Au contraire l’inquiétude, le sentiment d’impuissance, l’incertitude, la dépression, l’anxiété, peuvent exacerber les sensations douloureuses.
Une présence rassurante
Votre présence ou celle d’une personne proche auprès de votre enfant est d’un grand soutien, tout comme son doudou s’il en a un.
Laisser votre enfant exprimer sa douleur
Pleurer, pouvoir dire qu’on a mal, cela fait déjà du bien. Ce n’est pas un signe de faiblesse.
Dédramatiser la situation
En lui disant par exemple : “Oui, je vois que tu as mal, on va trouver une solution.”
Au contraire, évitez de le gronder : “Je t’avais bien dit...”, de le dénigrer : “Arrête de pleurer, ce n’est rien !” ou de le juger : “Tu es vraiment douillet !”
Le confort
Être bien installé
Être dans vos bras, dans un lit ou sur un canapé, permet à votre enfant de se détendre et donc d’avoir moins mal.
Ne pas être gêné
Le confort, c’est aussi ne pas avoir trop chaud, ne pas avoir faim, ne pas avoir envie de faire pipi...
Pour les tout petits
Chez le bébé, être allaité ou être en "peau à peau" avec sa mère, produit un état de bien être qui peut bloquer la perception douloureuse.
Le chaud, le froid, le massage
Poser une bouillotte chaude ou une poche de gel “froid” sur la zone douloureuse, ou encore frotter à côté de l’endroit douloureux sont des méthodes simples et efficaces.
Attention, pour ne pas “brûler” la peau de l’enfant, toujours placer la bouillotte ou la poche de gel congelé dans une housse en tissu.
Le chaud
Il favorise la détente musculaire et peut aussi soulager le mal de ventre.
Le froid
Il diminue les douleurs inflammatoires (bosse ou douleur dentaire par exemple).
Le massage
Le réflexe de frotter l'endroit douloureux ou juste à côté, est un puissant moyen pour diminuer les influx de douleur.
Le massage peut aussi participer à diminuer la douleur (pour les coliques par exemple)
La distraction
Oublier sa douleur
S’ennuyer, ne rien faire, n’aide pas à se sentir bien : les enfants se focalisent alors plus sur la sensation douloureuse.
Au contraire, écouter de la musique ou une histoire, lire, chanter, jouer, regarder sa série préférée, faire un jeu qui demande de la concentration, avoir de la compagnie... peut aider votre enfant à penser à autre chose, à “oublier” sa douleur.
Détourner son attention
La distraction peut être un moyen puissant pour lutter contre la douleur. Certains enfants, très sensibles à la vue de leur “bobo” ou du sang, se sentent mieux quand on détourne leur attention et que l’on cache leur blessure sous un pansement.
Voir aussi
> Votre enfant a mal. Que faire ?
Cette brochure est conçue comme un « mémento » qui vous donne en quelques pages des conseils pratiques pour vous aider à prendre en charge la douleur de votre enfant au quotidien (chutes, brûlures, maux de tête, de gorge, de ventre…).
Les médicaments de la douleur
Les médicaments qui agissent contre la douleur sont dit analgésiques ou antalgiques. Chaque médicament contient une ou des molécule(s) active(s). Une même molécule peut être vendue sous des noms commerciaux différents.
Le nom des médicaments cités ici est celui de la molécule active qu’ils contiennent.
Il est utile à connaître pour éviter de prendre deux médicaments contenant la même molécule (risque de surdosage) et pour demander le médicament générique à votre pharmacien. Ce dernier est aussi efficace et plus économique qu’un médicament de marque.
Les médicaments que vous pouvez acheter sans ordonnance
Le paracétamol
Le paracétamol peut être donné aux bébés et aux enfants en cas de douleurs faibles à modérées. Il a très peu d’effets indésirables.
L'ibuprofène
L’ibuprofène est utile, notamment quand la douleur est due à une inflammation. Il peut être donné aux bébés (à partir de l’âge de 3 mois) et aux enfants en cas de douleurs aiguës, modérées à intenses. Il est contre indiqué dans certains cas que le médecin ou le pharmacien vous préciseront (par ex. en cas de varicelle).
Si ces deux médicaments utilisés seuls ne sont pas suffisamment efficaces, il est possible de les alterner. N'hésitez pas à demander conseil à votre médecin.
Les médicaments prescrits ou utilisés à l'hôpital
Les dérivés morphiniques ou la morphine peuvent être prescrits en fonction de l’âge de l’enfant, en cas de douleur intense ou si le paracétamol et l'ibuprofène ne sont pas efficaces. Il est actuellement recommandé de ne pas donner de codéine aux enfants de moins de 12 ans.
La morphine peut être prescrite aux bébés et aux enfants, et n’est pas réservée aux situations graves. On peut par exemple en donner en salle de réveil après une opération des amygdales.
> Pour plus de détails, voir la fiche mémo réalisée par la Haute Autorité de Santé :
Prise en charge médicamenteuse de la douleur chez l’enfant : alternatives à la codéine
> Voir aussi la fiche pratique :
La morphine, un médicament pour avoir moins mal.
Pour certaines douleurs particulières, même très intenses (par exemple une crise de migraine), les médecins ne donnent pas de morphine ou de morphiniques : ils proposent d'autres molécules ou solutions.
> Voir aussi les guides :
Comprendre et traiter la migraine de l'enfant
réalisé par le Centre de la migraine de l'enfant.
J'ai trop mal à la tête
un guide pour les adolescents sur la migraine.
Le mode d’administration
Les médicaments contre la douleur ont des formes variées : sirop, comprimé, gélule, suppositoire, solution ou suspension buvable...
Le médecin prescrit ce qui est le plus adapté à l’enfant et à la situation.
Idées reçues :
- Les suppositoires ne sont pas plus efficaces ou plus rapide d’action. Ils sont à réserver pour les situations où l'enfant vomit.
- Le fait de donner le médicament par une injection ou une perfusion n’est pas un signe particulier de gravité : cela lui permet juste d'être efficace plus rapidement.
Attention :
Pour les formes buvables, utilisez uniquement la pipette ou la cuillère fournie avec le flacon car sa graduation est adaptée à ce seul médicament.
> Voir la campagne d'information de l'Agence nationale de sécurité du médicament
Suivre la prescription
Pour soulager efficacement votre enfant, il est important de respecter la prescription médicale (la quantité et la fréquence), sans attendre qu’il ait à nouveau mal.
Si, malgré le traitement, votre enfant a encore mal, contactez le médecin ou l’équipe soignante.
Auteurs
Françoise Galland, co-fondatrice de l'association SPARADRAP
Caroline Ballée, chargée de communication numérique
Avec l'aide des contributions du groupe de travail pour la réalisation de la brochure "Votre enfant a mal, que faire ?"
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Mise à jour : décembre 2023